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[RP/Cours de littérature] Les classiques

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[RP/Cours de littérature] Les classiques Empty [RP/Cours de littérature] Les classiques

Message  Robert Starque Lun 18 Aoû - 20:18

Autre jour, autre cours...Il arriva à celui de littérature qui correspondait au premier cours d'histoire que les élèves avaient reçu sur la mythologie grecque.

Bonjour, aujourd'hui je vais vous parler d'un livre écrit par Homère et qui s'appelle L'Illiade. Un second livre de cet auteur rejoint cette histoire et se nomme L'Odyssée. Celui-ci n'est pas dans le programme mais je ne saurais que trop vous le conseiller pour votre culture personnelle. Bien, commençons.

LA COMPOSITION

 L'Iliade est la seule épopée qui nous soit restée d'un patrimoine sans doute abondant : au VIII° siècle avant notre ère, période de la "Renaissance grecque",  l'organisation des Cités s'accompagne d'un culte des héros anciens destiné à donner à chacune d'elles prestige et légitimité dans ses intentions hégémoniques. L'Ionie, non loin de Troie, où les Grecs se sont installés, développe une culture particulièrement dynamique, avec notamment la composition de grands poèmes en hexamètres dactyliques. C'est à cette époque sans doute que commencent à circuler partout en Grèce des versions différentes de l'Iliade. L'aède, agent essentiel de cette circulation, est une sorte de poète chanteur qui puise dans un répertoire ancien et improvise de manière plus ou moins créative sur des formules figées. Homère fut-il l'un d'eux ? Nous n'en savons rien. En tout cas, la composition de l'Iliade paraît plus élaborée que n'importe quel autre poème transmis par la tradition orale, même si le texte que nous connaissons a été l'objet de transcriptions et de découpages tardifs opérés par les savants alexandrins des IIIème et IIème siècles. Ces différents niveaux temporels expliquent sans doute qu'il nous soit malaisé de percevoir la véritable intention de l'Iliade. Mais, nous parlant d'une époque de guerriers encore mal dégagés du bronze (une authentique "guerre de Troie" a sans doute eu lieu au cours du XIIIème siècle) pour des cours aristocratiques aux idéaux désormais raffinés, le poète ne fait-il pas significativement évoluer la notion d'héroïsme ?

[b]RÉSUMÉ DE L'ILIADE

 La guerre de Troie (Ilion), dont le prétexte est l'enlèvement d'Hélène, épouse du roi grec Ménélas, par le troyen Pâris, dure depuis neuf ans quand commence l'Iliade. Le poème ne raconte ni l'origine ni l'issue du siège de Troie par les Achéens : il porte sur des faits qui s'étalent sur une cinquantaine de jours en resserrant l'enjeu autour de la colère d'Achille et la tournure des événements dès lors que le héros reprend les armes pour venger son ami Patrocle (mort d'Hector, puis restitution de son corps à Priam). Les circonstances de la défaite de Troie seront rapportées dans l'Odyssée et surtout dans l'Énéide de Virgile.


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ÉCRITURE DE L'ILIADE

 On est frappé d'abord par l'élaboration déjà "moderne" de l'épopée, signe d'une intervention personnelle dans ce qui constituait un corpus de chants traditionnels : le rétrécissement considérable du sujet à la colère d'Achille sur une cinquantaine de jours concentre tous les effets sur une crise et lui donne par son apaisement sa conclusion et sa morale. Le rythme dramatique, qui alterne analepses (ainsi les rappels de l'origine de la guerre) et prolepses (les annonces de la mort d'Achille ou la révélation par Zeus de l'issue du combat), maintient savamment l'intérêt du lecteur. L'écriture reste pourtant marquée par la tradition des récitatifs des aèdes : les formules figées (l'Aurore aux doigts de rose), les scènes typiques (l'armement du héros, l'outrage au cadavre) correspondent à ces repères qui permettaient à l'aède de tenir le fil de sa narration et à son public de le suivre. Le lecteur moderne trouvera aussi bien répétitives les épithètes homériques rappelant la généalogie des héros, et négligera à tort leur importance. Car la place accordée aux indications généalogiques dans le récit de l' Iliade ne doit pas paraître simplement descriptive ou décorative. Non seulement elles identifient les personnages, au même titre que leur nom et leur patrie, mais elles les situent aussi dans les différents ensembles formant le monde homérique : de la mention d'un rapport de parenté découle toute une série d'autres liens de sang, auxquels correspondent des liens sociaux. La généalogie assigne donc implicitement à chaque personnage une position particulière dans le monde héroïque, et, partant, contribue à déterminer son rôle spécifique dans l'action épique. L'engagement dans des relations d'amitié ou de haine, la nécessité de mériter sa timè en faisant la preuve de sa valeur sont en effet les moteurs de l'héroïsme. Lorsqu'il énonce la généalogie des princes, le poète prépare, souligne, justifie les actions qui font l'objet de sa narration. Réduire les mentions de la parenté à leur fonction descriptive, c'est donc manquer de percevoir leur pouvoir poétique et priver le récit d'une de ses armatures fondamentales.
 Les caractéristiques générales de cette écriture sont sans doute aussi fidèles aux grandes lois du genre épique (grandissement, merveilleux : on examinera particulièrement la lutte d'Héphaïstos et de Scamandre au chant XXI). Mais on est frappé par la récurrence d'images naturelles et animales pour exprimer l'ardeur guerrière autant que par le réalisme saisissant des massacres. Ces comparaisons, ces descriptions semblent nous aviser d'une fureur barbare dans laquelle le guerrier renie son humanité et, soumis aux lois impitoyables de la nature, se rapproche de la bête. Cette tentation, qui désorganise par exemple le personnage d'Hector, semble ici trouver de la part du poète une condamnation morale qui ne peut trouver sa pleine justification que dans l'apaisement final où l'héroïsme est clairement défini comme une victoire remportée sur soi-même. Ainsi l'écriture participe elle-même d'une redéfinition des valeurs héroïques.

LES HÉROS

 La société antique est fortement hiérarchisée. Au sommet, des rois locaux (basileus), maîtres d'un domaine rural, qui forment une aristocratie minoritaire toute-puissante dont le privilège est la fonction guerrière. L'expédition achéenne de l'Iliade est commandée par l'un d'eux, Agamemnon, parce qu'il a fourni le plus gros contingent (cent navires), et surtout que son sceptre vient de Zeus lui-même. Lui seul est symbole de souveraineté. Les autres rois tirent leur légitimité de leur force et de la dynastie dont ils sont issus. A Troie, la situation n'est guère différente : l'ordre de la Cité est organisé autour du vieux roi Priam. Tous ces guerriers obéissent à des valeurs fondamentales : la themis (l'ordre des choses, ce que l'usage commande ou interdit), la timè (marque d'honneur qui situe chaque guerrier au rang qu'il s'est mérité), et les obligations envers les dieux (ainsi les sacrifices). Ces valeurs assurent la cohésion du groupe, voire l'égalité de leurs prérogatives, même si la qualité particulière du guerrier peut les lui faire transgresser (ainsi la colère d'Achille contre Agamemnon). Mais dans l'ensemble, leurs relations sont commandées par le compagnonnage et la fidélité, symboles d'un ordre dont Marthe Robert nous dit que l'énoncé est le premier but de l'épopée. Les combattants des deux camps eux-mêmes se battent de la même manière et ont les mêmes dieux; ils entrent dans un même jeu, qui les affronte comme deux puissances opposées, mais étroitement unies :

LES GRECS

(Achéens, la plus importante famille ethnique, Argiens, Danaens, d'Argos) :

Agamemnon, "protecteur de son peuple", fils d'Atrée, roi de Mycènes et d'Argos, chef de la confédération achéenne. Couramment nommé "Glorieux Atride, roi des guerriers".
Ménélas, "le blond", frère d'Agamemnon, roi de Lacédémone.
Achille,"aux pieds rapides", fils de Pelée et de la déesse Thétis, roi des Myrmidons. Sa colère, au début du poème, son farouche retrait du combat puis son retour pour venger la mort de son ami Patrocle, sont les vrais sujets de l'Iliade.
Ulysse,"l'ingénieux" ou "l'artificieux", fils de Laërte, roi d'Ithaque. Il se signale par sa ruse et l'habileté de son éloquence.
Ajax le Grand, roi de Salamine.
Patrocle, ami d'Achille.
Idoménée, vieux roi de Crète.
Nestor, "le vieux meneur de chars","l'écuyer de Généria", roi de Pylos, le plus âgé des chefs achéens. Il joue le rôle de conseiller.
Diomède, fils de Tydée, compagnon d'Ulysse.

LES TROYENS

(et leurs alliés Dardaniens et Lyciens) :
Hector,"au casque étincelant", fils du roi Priam et de la reine Hécube. Il manifeste une grande humanité.
Priam, roi de Troie, vieil homme affaibli mais plein de bonté, dont la part d'héroïsme tient sans doute au chagrin de voir mourir plusieurs de ses fils (treize la dernière année du siège, dont trois en une seule journée). Pyrrhus, le fils d'Achille, le massacre sur un autel lors du sac de Troie.
Pâris (ou Alexandre), frère d'Hector. Il est à l'origine du conflit en enlevant Hélène de Sparte. Piètre guerrier, il est surtout remarquable par sa beauté.
Énée, "conseiller des Troyens", fils d'Aphrodite et d'Anchise, chef des Dardaniens. Survivant au sac de Troie, il est à l'origine de la fondation de Rome (Virgile, Énéide).
Sarpédon, fils de Zeus, chef des Lyciens.
Glaucos, ami de Sarpédon.

LES DIEUX

 Sont appelés "héros" dans l'Iliade tantôt tous les guerriers, tantôt seulement les plus vaillants, les chefs. En fait apparaissent comme "héros épiques" ceux à qui le poète a donné la gloire à travers ses chants. Mais ces héros chantés par les hommes à cause de leurs exploits sont les mêmes qui sont l'objet d'une bienveillance divine. La guerre épique ne peut se concevoir pour les Grecs sans les dieux, et il faut donc, pour comprendre le sens de l'exploit héroïque, mesurer le rôle des dieux dans l'action ainsi que leur solidarité avec le destin.
 Qui sont les dieux d'Homère ? Il ne s'agit pas de dieux transcendants, extérieurs au monde : créés par des puissances primordiales, ils ne sont ni éternels, ni omniscients, ni omnipotents. Les dieux de l'Olympe forment une société qui reproduit ou prolonge la société humaine avec sa hiérarchie. Entre eux, ils se distinguent par une différence dans la quantité de pouvoir dont chacun dispose, mais aussi par les domaines divers où cette puissance peut s'exercer. Ils sont en outre assez différents pour connaître des rivalités. Le conflit des Achéens et des Troyens les divise en fonction de leurs affinités avec l'un ou l'autre camp, et aussi en fonction de leurs rancunes : Athéna et Héra, par exemple, se rangent logiquement contre le Troyen Pâris qui leur a préféré Aphrodite. Ainsi le combat des hommes suit, dans sa ligne incertaine, l'évolution du différend qui oppose les dieux. Car "les dieux sont là, à serrer sur les deux partis le nœud de la lutte brutale et du combat qui n'épargne personne, le nœud qu'on ne rompt ni dénoue, mais qui brise les genoux à des combattants par centaines" (chant XIII). Jamais comme dans le chant XX, ces "camps" ne sont plus nets : Apollon a contribué à la mort de Patrocle, et Zeus, partagé entre les deux armées, est cette fois irrité de voir Hector porter les armes d'Achille. L'assemblée des dieux paraît à cet instant comme un récapitulatif des forces offertes aux hommes avant que le retour d'Achille ne donne un tour décisif à la bataille :

PRO-ACHÉENS

Poséidon
Athéna
Héra
Hermès
Héphaïstos

PRO-TROYENS

Apollon
Arès
Aphrodite
Artémis
Scamandre

Les interventions divines dans le combat des hommes révèlent cette présence immanente. L'homme homérique l'éprouve au-dedans de lui sous forme d'impulsions subites, de pulsions irrationnelles, d'ardeur guerrière ou amoureuse, de terreur ou de honte. Les modes d'intervention sont multiples : indirects, sous la forme des présages, des songes, dont le but est d'éclairer les hommes sur ce qui va leur arriver ou de leur signifier la volonté divine; directs, qui les obligent alors à se cacher et révèlent leurs caractères particuliers (ainsi la mobilité d'Athéna contraste avec la relative sédentarité d'Apollon). L'intervention des dieux se manifeste aussi par les innombrables débats qui les opposent sur l'Olympe : ainsi les combats de l'Iliade ne se décident pas entre des hommes qui calculent, combinent, prennent une résolution et l'exécutent, mais entre des dieux qui s'occupent sans cesse des hommes et parviennent toujours à imposer leur volonté. Les dieux se soucient d'ailleurs moins des hommes que de leurs propres relations : s'ils les aident ou les combattent, c'est souvent pour régler des affaires strictement internes à l'Olympe (ainsi Zeus déchaîne souvent sa fureur contre les Achéens parce qu'il est furieux contre Héra). C'est pourquoi on peut se demander si ces interventions vont dans le sens de la justice. Zeus n'agit jamais en justicier ni en réparateur de torts. Pour les humains, l'action des dieux peut paraître absurde ou terrifiante. Mais dire qu'elle est immorale va dans le sens d'une appréciation anthropomorphe de l'œuvre, car au-delà de cette dimension éthique, on ne saurait négliger la dimension sacrée du mythe : le domaine des dieux est ce que l'homme ne maîtrise pas. Dans cette optique, les dieux ne sont ni moraux, ni immoraux : ils sont les dieux. Bénéfiques ou maléfiques, hostiles ou tutélaires, ils incarnent le visage incontrôlable du destin.

Le rapport des dieux au destin mérite d'ailleurs d'être précisé. Le terme utilisé dans l'Iliade est  celui de "Moïra", qui signifie la part allouée à chaque homme, part de vie, de bonheur et de malheur comparable au butin qu'il reçoit en partage. Il s'agit aussi du lot dévolu à tous les humains, qui est la mort. Mais la Moïra n’est ni fatalité, ni prédestination : elle borne la liberté humaine, elle ne l’empêche pas. Bien plus, si la liberté des dieux consiste précisément en ceci qu’ils acceptent des décrets qu’ils ont, contrairement aux mortels, le privilège de connaître (mais pas de contrecarrer), il n’y a de liberté pour les hommes que dans la mesure où eux aussi acceptent — même à contrecœur — la part qui leur est échue et s’efforcent d’en faire le meilleur usage, sachant que, quand leur «heure» sera venue, c’est seulement dans la mémoire des générations futures qu’ils pourront espérer se survivre. Le héros est ainsi le symbole de l’homme libre, c’est-à-dire pleinement homme : celui qui triomphe de la mort et du destin autant que le peut un mortel, non pas en les fuyant, ni non plus en les défiant d’une manière puérile, mais au contraire en en acceptant à la fois le risque et la nécessité. Mais ce privilège est aussi un fardeau et un danger : un fardeau, parce qu’il est source d’angoisse et fonde une responsabilité; un danger, parce qu’il crée l’illusion de l’invulnérabilité et de la toute-puissance, et donc la tentation de transgresser les lois de la phusis , de renverser le cours des fleuves, — ubris, démesure fatale par laquelle les mortels, loin de s’égaler aux dieux, tombent plus bas que l’homme, annulent leur différence spécifique, perdent leur liberté, se vouent eux-mêmes à l’esclavage, à la barbarie et à la bestialité. Limite à la liberté, la Moïra est donc identiquement sa condition de possibilité : elle crée l’espace où celle-ci peut se déployer et où les mortels rencontrent les dieux. Il est dit en effet plusieurs fois dans l'Iliade que ce sont les dieux qui fixent le destin des hommes, mais les dieux ne peuvent pas agir arbitrairement contre le destin : ils ne peuvent que s'y soumettre. Ainsi Zeus voudrait sauver son fils Sarpédon, mais Héra le prévient du désaccord de tous les autres dieux. De même, désireux de sauver Hector, il a recours à la balance d'or, qui condamne le héros troyen, et il doit s'exécuter. Il agit en cela pour préserver l'ordre de l'univers et ne pas menacer la cohérence qui fait sa propre suprématie.

Cette limite dans le pouvoir des dieux a un retentissement important sur les valeurs héroïques, car on voit mal en quoi un humain totalement agi par la faveur ou la condamnation divine pourrait manifester les vertus qui font le héros. Un passage significatif nous est offert avec la mort de Patrocle. L'ami d'Achille constate en effet : "ce qui m'a vaincu, c'est la destinée sinistre (Moïra); c'est le fils de Létô (Apollon), c'est aussi, chez les hommes, Euphorbe". Le même événement peut recevoir plusieurs interprétations différentes selon les niveaux de réel qu'on envisage. L'héroïsme homérique est donc facteur de ces trois forces qui pèsent sur les hommes : le Destin, les dieux, les humains, et c'est à ce confluent que se manifeste leur aristie.

Robert Starque
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