[RP] Une journée mouvementée

Une journée mouvementée

Les invitations avaient été envoyées, les gens étaient donc prévenus que le 29 septembre 1665, le charismatique Duc de Lorraine allait épouser son ancienne petite femme de chambre, moi ! Annabelle Orsini, fille de parents aux moeurs dissolues, élevée dans un prestigieux couvent, toutefois, future gouvernante des enfants royaux, j'allais devenir Madame Annabelle Starque...pour la seconde fois. Une bien longue histoire que je ne tiens pas à ressasser, l'important c'est ce jour du 15 août 1665 et vous allez comprendre pourquoi.

La très belle (mais trop sobre au goût de mon fiancé) demeure de Viroflay où nous vivons depuis nos retrouvailles embaume dans toutes ses pièces du rez de chaussée jusqu'au premier d'un délicat parfum de pâte tout juste cuite, de fruits fondants et caramélisés et autres odeurs sucrées nous chatouillant à tous les narines. Aujourd'hui nous fêtons la Sainte-Marie et à cette occasion j'ai passé la matinée derrière les fourneaux. Une partie de la nuit aussi au grand dam de Robert, mais m'agiter dans tous les sens pour trouver une position pas trop inconfortable le tout sans le réveiller, est un exercice des plus pénibles, même pour une grande patiente comme moi ! Malgré la fatigue, le sommeil ne venait pas, et après avoir achevé un roman tout juste commencé deux jours plus tôt, revoir la liste de choses à faire pour le mariage et même faire un peu de couture pendant que les employés dormaient à poings fermés, j'ai eu la soudaine envie de cuisiner. Et le moins que l'on puisse dire c'est qu'il y en a pour un régiment. Nous n'aurons plus qu'à inviter ma mère, oncle Greg et sa famille au moins !

Quand Robert se leva, j'avais terminé deux tartes aux pommes, un gâteau aux pêches et son petit-déjeuner. J'étais épuisée et un bon bain me ferait le plus grand bien. Le bain par contre ce sont les employés qui s'en chargeraient, il m'était interdit par un fiancé très très prévenant de porter la moindre chose, il craignait sans cesse qu'il nous arrive quelque-chose au bébé et à moi et malgré tous mes efforts pour le rassurer, sa peur ne s'envolait pas.

Ce moment de détente et de repos que je prolongeais jusqu'aux alentours de midi me fut réellement bénéfique. Je me sentais très bien et je trouvais même le courage de proposer à Robert une petite balade sur le chemin de la propriété qui menait à la petite rivière.
L'imminence de la naissance de notre enfant était proche selon la sage-femme qui venait chaque semaine parfois deux fois par semaine en plus du médicastre, je vous ai dit que j'avais un futur papa stressé à rassurer ? et qu'il nous fallait attendre que ce petit duc ou la petite duchesse, se décide à montrer le bout de son nez.

Nous marchions à un tout petit rythme en discutant de tout et de rien, malgré la chaleur, l'air était frais grâce aux arbres qui bordait le chemin. C'est là qu'une chose inhabituelle s'est produite...Inhabituelle et effrayante, mais je ne devais pas inquiéter Robert et un sourire était donc de rigueur.

Euh Robert ? Surtout restez calme et respirez bien, tout va bien se passer...mais...je crois que le bébé s'est décidé à nous rejoindre.

 
Voilà plusieurs jours et même semaines que ce moment était attendu, espéré, appréhendé...Robert Starque, Duc de Lorraine, Marquis de Genlis, Premier Ministre du Roi étaient de ces hommes qui semblaient parfaitement inébranlables et il l'était...Jusqu'à ce qu'il rencontre son contraire : Annabelle Orsini. Cette femme, qui avait tout d'un ange l'avait, avec beaucoup de temps et de patience, adouci et apaisé, cet homme qui, depuis toujours, ne se fiait à personne sinon à lui même. Froid, distant, autoritaire et manipulateur, Robert avait su endormir bien des gens dont sa belle jusqu'à ce qu'il réalise qu'elle avait réussi un miracle, celui de faire en sorte qu'il s'attache à elle tout d'abord et finisse par l'aimer ensuite. Pour cet homme sans cœur voire cruel, cela tenait du miracle.

Alors, cette situation, peu de gens s'y attendaient, du moins ceux qui savaient... Robert était totalement intenable, en proie à une nervosité peu coutumière. Cela faisait six mois que ça durait mais plus la date fatidique approchait, pire c'était. Au moindre détail, même parfaitement normal, il montait en pression et dérangeait le médicastre royal. Autant dire que les crises de panique de Robert épuisaient bien du monde.

Qu'appréhendait-il ainsi ? Que les choses se passent mal...Robert n'était pas du genre à s'attacher ni à aimer les gens. Il n'avait pas de véritables amis, même sa famille ne l'appréciait pas et réciproquement alors, lorsque cela touchait Annabelle, la seule personne pour laquelle il avait un intérêt, les choses étaient décuplées. Et en ce jour du 15 août, Robert allait paniquer plus que jamais. Les rôles étaient inversés, voilà que c'était sa femme qui lui disait de rester calme et de respirer. Ça y est ! Le travail avait commencé !

Il s'empressa d'interpeller des gardes pour qu'ils aillent au plus vite chercher le médicastre, la sage femme, bref un maximum de monde pour s'occuper de son épouse. Il la soutint pour la ramener jusqu'à leur demeure afin qu'elle puisse être bien installée.

Ça va aller ? Vous arrivez à marcher ? Vous n'avez pas trop mal ? Vous voulez que je vous porte ? Ce n'est pas un problème, je peux le faire, si c'est plus confortable pour vous ! Dites-moi Annabelle, comment cela sera t-il mieux pour vous ?

Stressé ? Mais noooon !