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[RP] Les appartements du Dauphin

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Message  Gabriel Dim 5 Avr - 12:35

On lui avait dit qu'un nouveau serviteur lui serait attribué dès leur retour de voyage. Pour tout avouer, il se moquait bien de qui s'occupait à laver ses vêtements et répondre à ses caprices, ce qui lui importait c'était que ce qu'il demandait soit fait et si c'était fait avant même qu'il n'ait à le dire, c'était encore mieux.

Oui, Gabriel était assez autoritaire et capricieux voire même parfois dédaigneux envers les plus petits, ce que sa mère ne supportait pas. Il fallait l'avouer, les remise à l'ordre de sa mère l'agaçaient fortement, Gabriel, quinze ans, était le futur roi de France et de Navarre et il ne souhaitait pas que quiconque l'oublie. Son père mettait cela sur le compte de l'adolescence et le fait qu'il finirait par se calmer mais était-ce réellement le cas ou Gabriel était-il voué à rester un petit con prétentieux ?

Dans tous les cas, l'aîné des De la Brie en Carly recevrait d'ici quelques années une lourde charge et depuis déjà quelques années, on le préparait, ainsi que son cadet, à cela. Le jeune Arthur pouvait se permettre plus d'insouciance du fait d'être le second et c'est sans doute aussi pour cela que leurs caractères différaient. Rares étaient ceux qui pouvaient comprendre le poids que cela serait et était déjà. On ne voit bien souvent que les bons côtés, et il y en a, à être de famille noble et futur roi mais gouverner un royaume est difficile et engendre son lot de soucis.

Le jeune homme, qui ne se rendait pas encore totalement compte de ce qui l'attendait, profitait donc pleinement de ces années où il pouvait encore avoir un tant soit peu d'insouciance et faire des bêtises avec sa fratrie.
Gabriel
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Message  Demenge de Pixerécourt Mer 6 Mai - 15:31

Mais vite on va être en retard, le Dauphin est de retour. Venez avec moi pour pas vous perdre, c'est un vrai labyrinthe czchâteau !

Aussitôt cette phrase lâchée qu'Odette filât rapidement, comme si sa vie en dépendait. Si bien que Demenge la suivit avec assiduité et courage.
Descendant les escaliers , le jeune homme entendit une bribe de parole à la voix féminine.

"... sté !" 

Cette simple syllabe déstabilisât le Lorrain. Il pensât de suite à une phrase équivalant à "Bonjour votre Majesté !". Était-ce réellement au roi que ce dire s'adressait ? Si cela se trouve, c'était peut-être une discussion entre deux employées de Versailles, une demoiselle annonçant à sa collègue: "Pas mal le plumard de la Reine, hier je l'ai testée !"
Voyant et sentant de l'agitation au cœur du château, une once d'anxiété germât dans la caboche du de Pixerécourt. La famille souveraine de France était belle et bien là.
Afin de remplacer son inquiétude par de l'assurance, Demenge fredonnât mentalement une chanson pour le moins conventionnelle à l'endroit. "Un jour la p'tite Odette ..."

"Ra pfam pfam pfadadam pfam pfom."

Demenge sourit amusé d'avoir murmuré cette chansonnette.
Tout deux s'arrêtèrent devant une porte, plus massive que les autres.
Étaient-ce derrière cette porte que se trouvaient les appartements du Dauphin ?
Demenge de Pixerécourt
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Message  Gabriel Sam 30 Mai - 16:25

Quel remue-ménage ! Ça courrait dans les couloirs, les gens s'affairaient...D'ailleurs...Où étaient les siens ? Ceux de sa sœur étaient déjà aux petits soins et lui il attendait ? Cela faisait au moins trois minutes que les malles de sa cadette avaient été prises en charge ! Le garde ouvrit alors la porte sur Odette, une de ses domestiques et un jeune homme qui devait avoir plus ou moins son âge et qu'il ne connaissait pas.

Enfin ! Vous avez mis le temps ! Mes appartements sont sans dessus-dessous et je dois me préparer pour la réception de ce soir, dépêchez-vous !

Le jeune Dauphin était entouré d'affaires, à se demander s'il en utilisait ne serait-ce que la moitié d'ailleurs. Et parce que le voyage n'avait pas été assez long et pénible comme ça, à chaque fois qu'ils revenaient, une fête était organisée pour les accueillir comme il se devait, car retrouver la famille royale en ces murs méritait d'être célébré. On eut pu croire qu'ils avaient manqué à tous ces gens de la Cour mais le jeune Gabriel avait bien compris, depuis quelques années déjà, que tout cela n'était que mascarades et faux-semblants. Il n'avait plus qu'à espérer que cette soirée serait un temps soit peu distrayante.

Où sont les autres ? Je vais avoir besoin d'aide pour ma tenue !
Gabriel
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Message  Athénaïs Lun 8 Juin - 19:38

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Mon Dauphin, mon merveilleux Dauphin, mon doux et beau Gabriel ! Le coeur d'Odette battait la chamade, heureuse de revoir son élu après ces longues semaines d'absence. Elle ne pourra pas lui dire bien entendu mais ce qu'il lui a manquée. Son caractère bien à lui, sa confiance en lui, ses yeux à vous damner et son sourire à vous faire fondre, ah son Dauphin adoré, ce qu'elle l'aime !
Elle s'inclina devant lui, tête basse. Elle ne s'oserait jamais à un regard face à lui, mais ne se prive pas de cette angélique vue quand elle sait qu'elle ne risque pas de se faire surprendre.

Votre Altesse... Pardon votre Altesse. Ch'zespère  que son Altesse a fait bon voyachze. Chlaccompagnais votre nouveau valet...

Elle lui fit son plus beau sourire bien que gardant la tête basse, avant de s'empresser de déballer les malles pour ranger ou faire nettoyer les affaires du Prince.
Revenant sur ses pas, elle s'inclina de nouveau et attendit l'accord du Dauphin pour s'adresser à lui.


Son Altesse dézlire un bain avant la ré...la résleption de sle soir ?
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Message  Marie Ven 4 Sep - 21:06

Marie se torturait de plus en plus depuis sa dernière entrevue avec Gabriel. Depuis quelques temps leur relation avait évolué, elle s'était laissée approchée, elle Marie O'Leary, la sauvage, et elle avait même commencé à baisser sa garde. Etait-elle devenue folle d'éprouver des sentiments à l'encontre du Dauphin de France ? Sa réputation de coureur de jupons n'était plus à faire et il suffisait de voir comment les femmes le regardaient pour comprendre qu'elle était fondée, pourtant il s'intéressait à elle. Comment se pouvait-il ? Elle n'était pas normale, elle fuyait dès qu'on la dévisageait ou qu'on lui parlait et surtout elle est muette, ce qui pour la majorité des gens en revenait à dire qu'elle était stupide.

Elle aurait dû le fuir mais elle ne pouvait pas sous le prétexte qu'ils étaient amis. Il l'avait invité à Chambord pour fêter son anniversaire en compagnie de sa royale famille et malgré la difficulté pour elle à quitter sa maison et Kaeran, elle y était allée. C'est là-bas qu'ils s'étaient davantage rapprochés, c'est là-bas qu'elle aurait dû fuir et mettre un terme à une histoire qui n'aurait jamais d'avenir. Mais elle ne pouvait déjà refermer cette délicieuse parenthèse...

A leur retour à Paris, il était venu la voir, il semblait différent, triste, ailleurs, préoccupé en réalité. Il lui fit des allusions sur un éventuel mariage avec une fille de son monde avant de lui avouer ses sentiments. Elle ne s'y était pas attendu à dire vrai tant il lui paraissait inconcevable que l'on puisse l'aimer différemment de Kaeran ou d'Ella.
C'est à ce moment précis que s'imposa à elle ce besoin d'honnêteté. Il ne l'aimait pas, il ne pouvait pas, il n'avait pas tous les éléments en mains, il ne la connaissait tout simplement pas.

Elle lui remit alors un livre, à première vue un livre tout à fait banal mais pas pour elle. Il représentait beaucoup pour elle. Elle y avait couché ses souvenirs, les pires comme les meilleurs, elle s'était livrée comme jamais. Elle ne parlait pas mais Ella l'avait fortement encouragé à ce qu'elle s'exprime comme elle le faisait elle avec sa peinture. Et depuis qu'elle avait appris à lire et écrire, elle ne s'arrêtait plus, inventant toutes sortes d'histoires. Mais celle de ce livre n'est pas qu'une histoire, c'est son histoire, son passé !

Seul Kaeran fut autorisé à le lire, et encore, bien des mois plus tard. Revenir dans ce passé était si douloureux qu'elle ne cessait de pleurer au fil des pages. Elle ne put le montrer à Ella, malgré les années, elle continuait à vouloir la protéger comme elle l'avait toujours fait. Un jour peut-être trouveront-elles le courage de le lire ensemble. Marie l'avait achevé sans plus jamais y revenir, se contenant de l'enfermer dans un tiroir jusqu'à ce jour.

Avait-elle eu raison de laisser Gabriel pénétrer ainsi sa vie, cette sombre intimité ? Son regard sur elle changerait, elle le savait, mais sans doute ses sentiments aussi. Elle avait pourtant confiance en lui et voulait être honnête, il était en droit de savoir quel fantôme il pensait aimer. Elle lui promis de ne pas chercher à le revoir si à l'issu de ces chapitres il ne voulait plus d'elle, il n'aurait qu'à remettre le livre à Kaeran sans avoir à se justifier et la parenthèse serait définitivement fermée.
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Message  Marie Ven 4 Sep - 22:08



Marie O'Leary


Je suis Marie...

ATCHOUM !

Que la vie est dure quand on est blonde !





« PROLOGUE »

"Tais-toi ! ne dis plus un mot tu as compris ! tu la fermes ! Tu vas la fermer une bonne fois pour toute !"
Ces mots ont longtemps résonné dans ma tête, ils me cognaient encore et encore et encore jusqu'à ce qu'ils fassent partis de moi, de ma personnalité. Je ne me souviens plus très bien les circonstances dans lesquelles je les ai entendu, à quelle occasion était-ce ? Je me rappelle juste de cette femme au visage déformé par la misère et par les coups, la faim et le froid. Qui est-elle ? Ce n'est pas elle qui crie, elle ne peut plus dire un mot elle non plus.

Et cette douleur sur mes bras d'où me vient-elle ? Serait-ce cette ombre noire qui les serre si fort et me secoue davantage que ce vieux pommier dans le jardin du voisin un jour de grand vent ? Je crie et je pleure de toutes mes forces, mais que se passe t-il ? Pourquoi ne se réveille t-elle pas ? Et ce rouge sur son visage a tâché mes guenilles mais pourquoi l'ombre s'en prend t-elle à moi ? Qu'ai-je fait de mal ? Pourquoi dois-je me taire ? 

Je ne me souviens pas bien de mes premières années, de ce que j'en retiens c'est cette femme blonde au visage fatigué mais aux yeux si doux. Etait-ce ma mère ? Peut-être. Je le crois, non je le sens. Nous étions pauvres mais je ne manquais de rien. Nous attendions l'arrivée de mon petit frère ou était-ce une petite sœur ? J'avoue que je l'ignore. Une famille normale dans un petit village minier tout ce qu'il y a de plus commun. Et puis ce fut l'accident. De nombreux hommes périrent ce jour-là et d'autres furent incapables de redescendre au fond du trou. L'ombre en fait partie. C'est devenu l'ombre à partir de cet instant. L'ombre ne trouvait plus de travail, qui aurait pu engager un illettré devenu boiteux et effrayé par les lieux clos et sombres ?  

Alors à la place de ses mains charbonneuses, ce furent ses yeux qui prirent cette teinte quand l'ombre nous regardait. La nourriture manquait mais pas la piquette à deux sous qu'elle se permettait d'acheter avec les petits travaux de couture de la blonde au visage las.
De cette période je me rappelle essentiellement des disputes, des cris de l'ombre à la voix trop grave pour paraître doucereuse, des pleurs à peine étouffés de la blonde épuisée. Et puis un soir, les cris résonnèrent encore plus forts qu'à l'accoutumée, les pleurs ne furent pas étouffés et le désespoir dans la voix de la douce blonde s'élevait aussi fort que la violence des poings tâchés par la houille qui s'abattaient en continue sur elle. Et une autre voix se joignit à cette tragique cacophonie. Un hurlement comme un déchirement...La blonde cadavérique ne bougeait plus et ses bras se desserrèrent mollement de son ventre rond.            
                                                                     
"Tais-toi ! ne dis plus un mot tu as compris ! tu la fermes ! Tu vas la fermer une bonne fois pour toute !"
La voix fluette d'une petite fille sale d'environ deux ou trois ans finit par obéir et s'éteindre pour toujours quand l'ombre disparut de sa vue et l'abandonna près de la blonde endormie.

La nuit était tombée et la blonde ne se réveillait pas. Elle restait là sur le sol, profondément assoupie, son visage autrefois doux et généreux n'avait plus que pour seules couleurs les traces de l'ombre enfuie. Sa main était si froide et lourde dans celle minuscule d'une fillette que même en s'allongeant près d'elle, elle ne sut la réchauffer.
Je ne sais pas combien de temps je suis restée sur ce sol dur et glacé ni qui était cette dame qui  m'a emmenée avec elle, je me rappelle juste qu'elle était très gentille, que sa maison était grande et sentait bon mais que comme je ne parlais plus, son mari a refusé de me garder, ne voulant nourrir une bouche supplémentaire, qui plus est une bouche inutile.                

C'est là que j'ai quitté le village pour la ville. J'ai oublié aussi le nom. L'orphelinat était petit et surchargé d'enfants, bien plus qu'il ne semblait pouvoir accueillir. Chaque matin nous nous tenions en rang, les filles d'un côté les garçons de l'autre, du plus jeune au plus âgé.
Ma place était la seconde, la première étant prise par une sœur qui tenait contre elle un petit bébé joufflu. Puis le matin suivante j'obtins la première place, plus de petit bébé joufflu.  On m'examinait sous toutes les coutures et le directeur vantait sans cesse mon teint pâle, mes cheveux blonds et mes yeux clairs.  
Je laissais alors la première place à ma camarade de droite et je suivais ces élégants acheteurs de petite fille à la mode.

Je revins à de nombreuses reprises dans cet orphelinat lugubre et sans hygiène aucune. Non pas que la mode ait changé mais aucun de ces acheteurs ne voulaient d'une "demeurée" ou d'une "débile". Les années passèrent et je quittais la petite ville pour la grande. Non la très grande.
Pour beaucoup, Paris est la ville où tous les espoirs sont permis. Du travail à la pelle, un peu plus d'argent qu'ailleurs, des boutiques à chaque  coin de rues, la perspective d'un avenir meilleur pour les plus rusés, Paris est donc la ville des nouveaux départs. Oh bien entendu tout cela est bien loin dans l'esprit d'une petite orpheline de quatre ans. Si elle savait quel destin l'attendait... Il va tellement à l'encontre des croyances sur cette ville.


Une immense pièce pleine de lits parfaitement espacés d'environ vingt centimètres, plus ou moins je ne sais pas au juste, mais ce que l'on appelle le dortoir est
assez impressionnant. Ici j'aurais mon lit pour moi toute seule alors que dans l'autre orphelinat nous devions le partager en trois. La mère supérieure m'explique que je serais dispensée des cours de lecture et d'écriture, qu'il ne me servirait à rien de perdre mon temps et de gâcher le leur avec des connaissances que je ne saurais jamais retenir puisque je suis attardée. Je passerais donc mes journées avec les petits et les enfants déficients.
J'aurais voulu protester, j'aurais dû protester, mais aucun son ne sortit et je passais toutes mes interminables journées seule dans mon coin à attendre. Attendre quoi ? Que l'ombre se souvienne de mon existence ?

Un garde champêtre fort peu délicat dans mon précédent orphelinat  m'a annoncé qu'elle avait été arrêtée pour vol mais je n'en sus pas plus. Et au fond de moi j'espérais qu'elle m'avait bien oubliée. J'étais très triste mais à cette époque j'avais encore de l'espoir et mourir sous les coups d'une ombre ivre et violente ne faisait pas encore parti de mes prérogatives. Du moins à cet instant...


Chapitre 2



Ma vie suivait son cours, peut-on dire ainsi ? Est-ce vivre ou tout simplement survivre ? Je ne connaissais pas encore ma chance, ici j'avais un repas par jour, parfois deux lors d'adoptions par des âmes généreuses qui octroyaient  des dons à l'orphelinat.  
Presque chaque matin nous devions nous mettre en rang d'oignons et toutes sortes de gens venaient nous observer et voir si l'un de nous ferait l'affaire, comme un vulgaire vase ou un tapis que l'on trouverait suffisamment joli dans une entrée. Un couple de marchands aisés s'arrête sur moi.

M'habituerais-je un jour à me tenir droite dans la cour, en ligne aux côtés de mes camarades en attente d'une famille ? Probablement jamais. Je n'aime pas être regardée de la sorte, je ne suis plus une petite fille, je suis un animal de foire. N'est-ce pas l'un de mes nombreux surnoms ici ? Je commence à le croire alors qu'on s'assure que mes yeux voient comme il faut, que mes dents soient correctes et mes joues suffisamment roses pour que cette élégante veuille de moi. Elle dit chercher une petite fille blonde mais que je suis un peu trop âgée à son goût, mais que lasse d'attendre le parfait bébé, je ferais bien l'affaire. Alors on m'emmène, puis on me ramène. "Elle ne parle pas. Pas un mot ! Que voulez-vous que je fasse d'une muette ? Au mieux elle sera l'idiote du village et moi j'en serais la risée. Trouvez-moi une enfant normale si ce n'est pas trop demandé !"

Le ton était donné. Je ne suis pas normale. Je suis l'idiote du village, la bête curieuse, le monstre de foire...la muette.  
Avais-je déjà eu un autre nom que ceux-là ? Je ne sais plus. Je  crois me rappeler que l'on m'avait nommée Jeanne, quelque-chose comme ça, mais c'est je ne pourrais l'affirmer.  
Et puis un jour, un jour semblable aux autres dans cet orphelinat où les enfants ne faisaient que passer quand moi je restais, un couple de fermiers s'arrêta sur moi. Je priais pour qu'ils m'adoptent, qu'ils m'emmènent loin d'ici, loin des tourments puérils que je pouvais connaître. Trois ans que je suis ici et je n'avais pas le moindre ami. Je n'étais qu'un sujet de moqueries rien de plus. Si seulement je pouvais parler... Combien de fois avais-je ouvert la bouche vigoureusement mais les mots restaient bloqués dans ma tête. Après une énième représentation, c'est moi qu'ils choisirent ! Moi !

J'avais alors environ sept ans et enfin ma vie allait pourvoir commencer. Je n'avais pas seulement des parents, mais une famille entière m'attendait, des frères, des sœurs, tous n'avaient qu'une hâte, c'était que je fasse partie des leurs. Je n'avais alors pas remarqué la tristesse dans leur regard, la saleté sur leur visage et leurs mains, la peur dans leurs yeux. Non moi tout ce que je voyais  c'est qu'enfin je ne serais plus seule, enfin des gens allaient vouloir de moi, je serais enfin la fille de quelqu'un et la sœur de quelques autres. Dans ces moments je pensais  à mon petit frère ou était-ce une petite sœur ? Finalement cette question qui resterait sans réponse n'avait plus tellement d'importance puisque aujourd'hui moi la fille sans identité j'allais devenir officiellement Jeanne Bernier, enfin je crois. Je ne sais ce qu'il y a d'écrit sur mon acte de naissance et d'adoption, je ne sais pas lire. C'est inutile de toutes façons puisque l'on m'a d'abord appelée la Muette. La ferme n'était pas bien grande, ma paillasse non plus, mais je m'en fichais, j'avais une famille à moi. Mes parents étaient gentils, ma nouvelle mère semblait aimante avec ses yeux clairs, ses cheveux d'un roux délavé tirés en arrière quant à mon père, sa bonhomie me mettait en confiance. Je me sentais protégée. Je ne parlais pas mais ils s'en fichaient. Puis le lendemain je m'étais réveillée...



Chapitre 3


La seconde image que je garde de ces parents était leur sourire carié, leur mine rougeaude presque tirant sur le violacé et leur haleine empreint de vin et de bière à un sou, de liqueurs aux fruits trop noyés pour  espérer en reconnaître la saveur. De ma hauteur je ne percevais  réellement que l'usure du tablier de celle que l'on appellerait plus tard la mère, un tablier jadis blanc ou peut-être écru aujourd'hui d'une grisaille similaire à la ferme où j'allais dorénavant vivre les prochaines pires années de ma vie.
On m'installa dans une chambre  commune au-dessus de la cuisine, cette même cuisine que je ne quitterais plus pendant très longtemps. Je me souviens parfaitement de ma première nuit là-bas. La première nuit dans une paillasse inconnue, dans une famille toute aussi inconnue n'est jamais facile. Le sommeil refuse de vous gagner malgré la fatigue, mais cette nuit-là c'était encore différent. Des plaintes et des pleurs se firent entendre à quelques mètres de mon lit, un grognement quasi bestial s'élevait par-dessus. Malgré la peur qui m'étreignait j'ouvris les yeux pour voir ce qu'il se passait et si ma nouvelle grande sœur répondant au nom de "petite garce" n'avait pas besoin d'aide. Ce que je vis me fit peur, presque plus encore que l'ombre qui autrefois hurlait sur moi. Une masse sombre et imposante écrasait ma nouvelle sœur de tout son poids ce qui devait lui faire très mal au vu de ses larmes. Je ne compris pas bien ce qu'il se passait alors mais j'aurais voulu la dégager pour qu'elle puisse respirer et qu'elle cesse de pleurer. Ne voyait-il pas qu'il lui faisait mal ? Il continuait encore à s'agiter sur elle, plus encore quand elle le suppliait.
La petite voix triste le suppliait de s'en aller, répétant inlassablement "va t'en, va t'en !" ou était-ce à moi qu'elle s'adressait ? Je ne sus que quelques années plus tard que c'était à mon encontre quand j'ai supplié mentalement Ella de s'en aller à son tour.

Ce fut la dernière fois que j'entendis cette petite voix morne. Je vis deux de mes frères défaire la corde à son cou au petit matin quand il fut l'heure de se lever. Le curé entra en trombe mais en comprenant de quoi ma sœur était morte, il se contenta d'un bref signe de croix avant de repartir comme il était venu. Je ne sais pas ce qu'on fit alors d'elle, mais cette fois-là nous n'avons assisté à aucune cérémonie.

Ce même après-midi alors que j'étais seule en cuisine à tenter de préparer un repas avec les maigres pitances à disposition, le père entra sans bruit et m'emprisonna fermement contre lui pour me murmurer à l'oreille de sa fétide haleine alcoolisée : "je t'ai vu cette nuit, j'ai bien vu que ça t'avait plu, c'est toi la prochaine petite garce ? hum peut-être....peut-être..."
Ses mains se faisaient trop pressantes mais les miennes étaient bien trop petites pour les repousser loin de mon corps de fillette. Les cris hystériques de la mère nous interrompirent alors et je ne pus que la remercier du regard avant de baisser la tête devant sa mine colérique. Elle me secoua violemment comme l'ombre de ma petite enfance : "Toi espèce de petite trainée, si je te reprends à allumer mon homme comme ça je te fous dans le trou avec l'autre petite garce c'est clair?! "

Les larmes perlèrent dans mes yeux et je dû hocher la tête malgré moi pour qu'elle cesse enfin de me secouer et qu'elle me lâche enfin.
"Dépêche-toi de finir le dîner feignasse, ton père a faim ! on t'a pas adopté pour que tu tournes les pouces en agitant ton cul comme une vulgaire catin !"
Cette fois c'était sûr, je n'aurais jamais de véritable famille. J'allais finir ici, mourir ici et être emmenée dans le trou à mon tour. La peur qui m'habitait depuis très longtemps, s'installa en moi pour de bon et ne me quitterait plus jamais.
Les coups  se firent quotidien, les insultes et les brimades également. Je n'étais plus La Muette ou la petite traînée, mais La Débile. Plus tard on me rebaptisa à grand coup de vin sanguinolent "la Pipelette". Je peux encore sentir cette odeur dans mes cheveux.

Mes frères et sœurs travaillaient aux champs mais j'étais encore trop jeune, je devais attendre mes huit ou neuf ans, alors en attendant je m'occupais de l'intérieur, de la cuisine. Ce que j'aurais voulu aller aux champs avec eux. Je les voyais épuisés, brisés par le travail alors qu'ils n'avaient qu'une petite dizaine d'années. Mais là-bas on n'était pas battu...
J'eus d'autres frères et sœurs au fil des années, mes aînés partaient subitement ou ne résistaient pas aux hivers trop rudes, aux étés trop étouffants, à la faim ou au coup de trop.



Chapitre 4



Et un jour j'ai eu douze ans...Cinq années que je survivais ici. Que la vie peut être longue et j'ignorais encore à quel point.
Margot ma sœur aînée me réveilla en sursaut. " Vite la Pipelette, lèves-toi ! Il faut te laver et nettoyer ta paillasse !" C'est une Pipelette encore ensommeillée qui la regardait avec stupeur. Margot avait toujours été prévenante avec moi, j'aurais voulu une mère comme elle, mais elle n'avait que quinze ans et toute aussi perdue que moi. Son ventre était rond comme celui de la blonde d'autrefois pourtant elle avait encore la force de m'aider. Je ne comprenais pas ce qu'elle avait. Le jour était tout juste levé, j'avais encore droit à quelques minutes de sommeil.

Pourquoi me réveillait-elle ainsi ? C'est là que je vis le sang sur moi. Du sang ! Allais-je mourir ? Prise de panique, je me mis à pleurer et elle me réconforta. " Ce n'est rien ma jolie, c'est normal, ça veut dire que tu grandis. Mais vite il faut nettoyer. Il ne faut pas que le père le sache. Tu fais attention et tu vas nettoyer tes jambes avant de le voir. A l'eau très froide." J'avais obéis sans comprendre cet empressement.  
Chaque jour de cette semaine-là je veillais à éviter le père encore plus que les autres fois. Ma grande sœur trouvait le moindre prétexte pour m'envoyer dehors. Le père n'en sut rien cette fois-là. Ni la fois suivante. Je faisais confiance à Margot parce-qu'elle elle savait ce qu'il m'attendait si le père s'apercevait que je n'étais plus tout à fait une petite fille. Mais hélas elle nous quitta trop tôt avec son bébé qui refusait de sortir.  

J'avais veillé sur elle des nuits entières jusqu'au dénouement final. J'avais prié de tout mon soûl pour que ma seule véritable famille ne me laisse pas, mais une fois de plus mes prières restèrent vaines. Que faisait le vieil homme tout là-haut, celui que l'on devait aimer autant que craindre ? Le seul censé pouvoir aider les innocents. N'étais-je pas innocente ? Et Margot ?
Le visage de ma sœur qui un jour a dû être beau, n'était plus qu'une grimace suintante de fièvre et de larmes. Elle ne cessait de me répéter qu'elle était désolée de m'abandonner ainsi, toute seule, mais je ne lui en voulais pas, au contraire je l'enviais de partir loin d'ici.
"sauves-toi ma jolie Pipelette, dès que tu en as l'occasion cours sans jamais t'arrêter ni te retourner, ne les laisses pas te reprendre, tu me le promets ?"
J'avais hoché la tête doucement et dans un dernier sourire forcé elle était partie.

Au retour des brèves funérailles, la mère et le père s'absentèrent un moment. Ce fut l'occasion pour moi de tenir ma parole et de m'enfuir. Mais c'était sans compter sur Jacqueline la sœur cadette de Javotte Bernier. Elle ne venait pas très souvent, un peu plus depuis que son homme avait été embastillé pour divers délits. Elle avait été chargée de nous surveiller comme chaque fois que les parents partaient. Elle avait deviné mon projet et m'avait enfermée à la cave jusqu'à leur retour.
Quand j'en sortis enfin, mes yeux se posèrent sur une minuscule fillette terrorisée. Je m'apprêtais à détester cette remplaçante de Margot mais devant ce regard si bleu et si apeuré, je ne pus me résoudre à l'aimer et à vouloir la protéger de toutes mes forces comme Margot l'avait fait pour moi. Elle s'était présentée à moi sous le nom de Ella avant de se reprendre et de se faire appeler Simone. Elle avait eu tant de familles elle aussi et presque autant d'identités, qu'elle finissait par les confondre. Finalement cela n'avait pas de réelles importances puisque son nouveau nom serait Cradouille. Nos parents nous rebaptisaient avec des noms toujours plus grotesques et acerbes comme pour nous déshumaniser. Oui c'est cela, nous ne sommes pas des êtres humains, mais seulement des petits esclaves, des objets sans valeur affective.
Nous n'avions que quelques années d'écart, quatre ou cinq tout au plus, mais elle semblait si innocente, si fragile, perdue au milieu de ces gens répugnants et sales. Elle était si mignonne et pure que j'aurais fait n'importe quoi pour qu'on ne lui vole pas la lumière qu'elle avait encore dans le regard. L'avais-je toujours moi si tant est que je l'ai eu un jour ?
Si j'avais toujours cette petite étincelle dans les yeux comme Ella, je la perdis quelques jours plus tard.

Le père s'était rendu compte que j'avais "grandi"... J'étais selon lui devenue une femme.
Il faisait nuit noire, la ferme était endormie. Cradouille dormait à quelques mètres de là, je n'entendais que  sa respiration régulière et les petits ronflements de mes frères avant de moi aussi m'endormir d'un sommeil du juste. Un tapotement me réveilla peu après et sans ouvrir les yeux, j'esquissais un sourire pour accueillir ma petite sœur qu'un cauchemar avait encore dû tirer de son sommeil. Elle n'avait pas eu une vie très facile non plus dans ces précédentes familles.
Mais les tapotements furent plus pressants et oppressants, les mains plus épaisses et fermes que celles d'une fillette. Je m'étais redressée d'un bond mais déjà il était sur moi.  

Mon jupon était relevé et je tirais dessus de toutes  mes forces et je le repoussais de la même façon. Je remuais mes jambes comme une folle pour le faire tomber, le faire lâcher prise, l'empêcher de me voler les dernières preuves de mon innocence. Mon visage était baigné de larmes, des larmes de peur, des larmes de honte et de dégoût. Dégoût de lui, dégoût de moi. Il me faisait si mal, jamais je n'avais eu aussi mal de toute ma vie, j'avais l'impression d'en mourir, j'aurais voulu en mourir. Son souffle nauséabond et bruyant dans mon cou se saccadait tandis que le mien peinait à s'échapper de ma poitrine meurtrie.
La douleur fut si vive que j'en perdis connaissance un bref instant. Trop bref. J'aurais voulu hurler, le pousser mais la force me manquait. Alors je pleurais. Je n'ai depuis, plus jamais cessé de pleurer...
Une petite ombre à mes côtés s'agitait, réveillée par le vacarme de l'autre porc sur moi. L'image de ma sœur et de mon arrivée dans cette famille me revint de plein fouet.  

"Va t'en, va t'en..." mais à défaut de ces mots qui restaient coincés dans ma gorge, je tendis le bras vers elle pour la forcer à se retourner et à mettre les mains sur ses oreilles. Elle garda sa main sur la mienne, bouchant ses oreilles si fort que ça devait lui faire mal. Elle ne comprenait pas ce qu'il se passait mais je sais aujourd'hui qu'elle ne s'est jamais pardonnée de ne pas s'être levée pour me secourir. Je me suis fait les mêmes reproches des années durant en voyant le corps sans vie de ma sœur d'un jour jetée dans un trou comme un  chien errant trouvé sur la route. Qu'aurait pu faire une toute petite fille frêle et trop innocente pour comprendre ce qu'il se passait ? Mais si un jour tu me lis Ella, saches que je te suis reconnaissante que tu ne te sois pas levée. Il fallait qu'au moins une de nous s'en sorte un peu mieux et il fallait que ce soit toi ma petite sœur adorée, tu ne serais plus là si tu avais bougé...

Je me suis enfuie le lendemain de cette nuit là. J'avais couru jusqu'à épuisement puis je m'étais retournée... Comment pouvais-je  être si égoïste et partir sans Cradouille ? Je devais la sortir de cet enfer. Je cherchais un plan quand les gens d'armes m'ont retrouvé et rendu à ma famille. Pour ma punition, je fus enfermée dans la cave un mois durant. Il faisait si noir et chaque jour je pensais qu'on m'y oublierait et que je mourrai de faim. Mais le père se rappelait souvent où j'étais, il m'apportait du pain et prenait ce qu'il pensait être son dû. Je le distinguais à peine dans la pénombre mais je sentais son odeur pestilentielle, son haleine fétide, son poids sur moi. Ce que j'aurais voulu qu'il me tue à chaque fois...
Quand je fus autorisée à sortir, la mère se chargea à coups de balai de me rappeler que je resterais dans cette cave pour toujours si je recommençais.  

Cette année-là nous perdîmes une autre sœur et deux de nos frères à quelques jours d'écart. La faim et la fièvre avaient été les plus fortes.



Chapitre 5



Ella et moi avions réussi à nous créer un langage compris que de nous deux. Je pouvais m'exprimer à ma façon et nous pouvions nous prévenir de dangers imminents d'un simple geste. Malgré les coups, elle parvenait à rester une petite fille plutôt comme les autres, elle ne riait pas beaucoup mais comment aurait-elle pu ? Il fallait sans cesse raser les murs et ne pas se faire remarquer. Elle était souvent des jours sans prononcer le moindre mot de peur qu'on lui déboîte encore l'épaule, elle avait hurlé quand Bertrand lui a replacé.  
Je me souviens de son sourire heureux quand nous avions trouvé les petits chats. Trois magnifiques chatons qui comme nous n'avaient plus personne pour veiller sur eux. Alors nous les avions adopté. Nous les avions cachés dans la grange, la paille les protégeait du froid et leur faisait un nid douillet. A tour de rôle pour ne pas éveiller les soupçons nous allions les nourrir des maigres restes que nous avions, renonçant tant bien que mal à notre repas pour eux. Mais la mère découvrit notre secret et notre punition fut atroce. Je ne peux retenir une larme encore aujourd'hui en écrivant ces lignes.

"Cradouille va chercher de l'eau et toi allumes le feu !"

Sans poser la moindre question, c'était interdit, nous nous sommes exécutées, surprise de cette demande à quelques heures du dîner. Je fis bouillir l'eau comme il était demandé, regardant ma petite sœur du coin de l'œil sans trop comprendre. C'est en entendant les petits miaulements suraigus que je blêmis. La mère les tenait tous les trois contre elle, presque câline dévoilant ses nombreuses dents absentes dans un sourire inhabituel.

Mon regard allait des chatons à la cuvette d'eau bouillonnante. Seigneur pitié pas ça. D'un geste j'intimais Ella de partir, sortir de cette cuisine, mais d'une voix menaçante la mère lui ordonna de rester et d'"admirer le spectacle". Je voulais fermer les yeux et qu'Ella fasse de même mais un coup de pied dans nos jambes nous força à les rouvrir quand elle jeta un premier chaton dans l'eau bouillante. Il hurlait et se débattait mais le cri d'Ella était plus fort et je la serrais contre moi alors qu'elle tentait de récupérer le pauvre malheureux.  
" C'est amusant hein ? Alors à vous ! vous verrez ce qu'il en coûte de désobéir bande de petites saloperies ! "
Elle nous remit les deux survivants dans nos bras et nous frappait de plus en plus fort,nous piquant du tisonnier brûlant pour que nous les lâchions dans l'eau bouillante. Comme je refusais, elle me prit les mains pour les tremper de force dans la marmite. La douleur était lancinante et je finis par les retirer brutalement, abandonnant contre mon gré mon chaton à son triste sort. Ella la suppliait et promettait d'être toujours sage, de ne plus jamais recueillir d'animaux ni de mentir, mais ses suppliques ne servaient à rien et les coups pleuvaient toujours. D'un regard je suppliais à mon tour ma petite sœur, je ne voulais pas que la mère la frappe encore plus  ou qu'elle lui plonge les mains dans l'eau également "non Pipelette s'il te plait, non noooon"  

mais mes mains finirent par lâcher prise et je m'effondrais en larmes avant de serrer Ella contre moi, inconsolable.
"Débarrassez-moi de ça!"

Bertrand était accouru en me voyant à genou avec Ella prostrée dans mes bras. Mes mains me faisaient affreusement  mal et pourtant la douleur n'était rien à côté du chagrin que je ressentais pour ma petite sœur et nos chats. Mon frère se chargea d'enterrer les petits corps de nos chatons pendant que la nouvelle "petite garce" en titre, appelée plus tard Nadine, se chargeait de panser tant bien que mal mes mains.  

Une voisine, épouse d'un ferronnier lui offrit un reste de pommade et quelques semaines plus tard je recouvrais l'usage de mes mains qui ne furent heureusement pas trop marquées. Rien d'irrémédiable.
Ella a été traumatisée par cette scène, je n'ai pas su l'en épargner hélas. Je voulais tellement fuir avec elle et les autres loin d'ici mais comment ? Et pour aller où ? Et s'ils nous retrouvent qui sait ce qu'ils nous feraient.

Les coups et les insultes étaient quotidien, surtout de la mère, même si le père ne boudait pas son plaisir à user de ses poings sur les garçons, en particulier sur Bertrand. Il était timide et doux, il n'aurait pas fait de mal à une mouche et à sa manière il essayait de veiller sur ses sœurs de galère.  
Ce qui le faisait tenir c'était sa jolie Claire, la fille des voisins. Il en était très amoureux, je crois qu'il ne lui était pas indifférent non plus, il suffisait de voir les regards qu'ils se lançaient à la messe.  

Il voulait l'épouser ce qui fit rire la mère. Elle ne pouvait croire que la jolie Claire veuille d'un débile probablement sodomite comme lui. J'ignorais la définition de ce mot mais je la connaissais assez elle pour savoir le mal qu'il signifiait. Elle ajouta qu'il n'avait jamais culbuté de fille et ne saurait pas y faire. Il lui fallait donc essayer avec une catin avant, mais les catins même à trois sous sont trop chères pour nous et puisque la mère avait surpris les gestes déplacés de son mari à mon encontre, elle avait une catin toute désignée en ma personne.
Bertrand refusa de me toucher, il la suppliait également mais plus il refusait plus elle le frappait avec le tisonnier brûlant avant de me jeter au sol pour déchirer en partie ma jupe.
"Elle te plait pas ? T'en veux une autre, Cruche ou Cradouille ? suffit de demander !"
Je voyais les larmes dans les yeux de mon grand frère et la honte, surtout la honte alors qu'il finit par tomber sur moi.  

J'aurais voulu fuir mais la mère avait déjà lâché le tisonnier pour me maintenir.
Je regardais mon frère, les yeux tout aussi flous que les siens alors que d'un infime hochement de la tête je lui donnais mon accord comme pour lui dire que je lui pardonnais ce qu'il s'apprêtait à me faire contre son gré.
Il ne voulait pas, il ne le pouvait pas non plus alors elle me lâcha pour  le battre si violemment devant son refus que je l'ai cru mort. Puis il finit par se résoudre à obéir. Nous pleurions tous deux en silence. Il ne fut plus jamais le gentil et timide Bertrand...Il était brisé lui aussi. Il n'a plus jamais su me regarder ni me parler, et son pardon désolé est le dernier mot qu'il m'aura prononcé.




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Message  Marie Lun 7 Sep - 22:12



Marie O'Leary


Je suis Marie...

A TES SOUHAITS !

Gniagniagnia!






Chapitre 6

Les mois durent des années et les années des siècles, longues et interminables. Jamais je ne sortirais de cet enfer, jamais. Jamais en vie. Je viens d'avoir 14 ans, enfin je crois, je ne peux dire quel est le jour de mon anniversaire exactement alors j'en déduis avec les saisons et à chacune d'elle ses caractéristiques propres comme ses parterres de feuilles orangées l'automne, son long tapis éclatant l'hiver, ses petites fleurs blanches qui percent la neige avant de laisser place à toutes sortes bourgeons colorés au printemps puis ses fruits bien mûres et sucrés alourdissant les branches des arbres fournis l'été, également saison des foins, m'ajoute ainsi une année de plus. Une éternité de plus.
Depuis la fin de l'hiver je suis malade. Je vomis sans même manger, la tête me tourne sans être allée au soleil, je ne me sens pas très bien. La moindre odeur me dégoûte, je suis épuisée mais que m'arrive t-il ? Je bois le lait à peine trait bien que ce soit interdit, espérant améliorer mon état.

Pas de médicastre pour nous, comme disent les parents, les bêtes se soignent d'elles-mêmes ou crèvent, si elles y passent c'est qu'elles n'étaient pas assez résistantes, inutile de dépenser un sou pour les faibles et les chétifs".
Puis  mon ventre se mit à gonfler et la mère comprit. Elle me frappa si fort que j'en tombais à terre. Quand je me suis relevée, elle me poussa violemment du haut de l'échelle qui reliait les chambres à la cuisine m'assommant lourdement au contact du sol. A mon réveil, la douleur en moi était lancinante et le sang entre mes jambes ne cessait de couler. Comme Margot j'allais mourir.

La fièvre me renvoyait des années en arrière, dans une petite maison dont se dégageait un subtil mélange sucré de fleurs fraîches et de confiture, près de la blonde endormie, sauf que cette fois elle se réveillait et me prenait dans ses bras pour me bercer doucement. L'ombre n'en était plus une, elle était lumineuse et souriante comme la douce blonde. Un petit enfant jouait à mes pieds et dans un sourire chaleureux, tendait la main pour me caresser la joue. Jamais je ne m'étais sentie aussi bien et en paix qu'à cet instant. J'aurais voulu ne jamais quitter cet endroit, cette chimère si réelle.

Mais la maison finit par s'assombrir, la douce odeur devint âpre, les fleurs se fanèrent jusqu'à tomber en poussière. Le sourire du petit enfant s'était évanoui pour laisser place à une grimace douloureuse, la clarté de l'ombre était aveuglante et infernale avant de redevenir obscurité et la blonde éveillée n'était plus qu'un corps gisant.  

Mes yeux s'ouvrirent difficilement sur les visages inquiets de Cradouille et la Cruche restées à mon chevet, et malgré mon désir d'en finir  avec cette existence tragique, je survécus. Mais pas l'enfant, pour mon plus grand soulagement.  
Je me remis au travail le lendemain de mon réveil. La fièvre était omniprésente, tantôt plus forte tantôt moindre mais je savais que je pouvais compter sur mes sœurs pour m'aider dans mes corvées. Nadine, alias la Cruche ou la Petite Garce, du haut de ses 13 ans, était depuis peu enceinte également, mais la mère n'en sut rien, il était trop tôt pour qu'elle le devine. C'est à ce moment-là que notre vie s'apprêtait à prendre un tournant radical, mais nous ne le savions pas encore.

Ella est arrivée en courant ce jour-là et d'une traite toute essoufflée me raconta la chose incroyable qui venait de lui arriver. Un jeune couple s'était présenté à elle, selon ses dires, "les plus belles personnes "qu'elle n'avait jamais vu ! Ils étaient "très riches et la dame était tellement belle dans sa robe de princesse, elle a un chapeau et des gants mais encore mieux que les Dubreuil", les bourgeois que nous croisions à la messe et qui nous regardaient avec mépris ou pitié. Toujours selon ma petite sœur, ils sentaient bon, ils parlaient toutefois "un peu bizarrement", elle ne comprit pas tout ce qu'ils disaient, juste qu'ils voulaient l'emmener avec eux. Elle avait beau être une petite fille adorable et attachante, pourquoi ces gens voudraient d'elle? Elle avait déjà huit ou neuf ans et selon elle, la dame était enceinte.

Je ne voulais pas la décevoir ni lui créer de faux espoirs, au fond de moi j'espérais réellement que ces gens l'emmèneraient loin d'ici avant qu'elle aussi ne se retrouve enceinte de ce porc ou tuée sous les coups, mais je n'y croyais guère et la perspective d'en être séparée m'arrachait le cœur. Pourtant je le lui souhaitais. Il y a bien longtemps que j'ai arrêté de prier, si ce vieillard soit disant juste que l'on implore et que l'on craint existait, jamais il n'aurait laissé faire tout cela. Et si c'est le cas c'est qu'il estime que nous méritons notre sort alors non je ne vénérerais pas un dieu qui se comporte plus sournoisement que le diable, mais j'espérais de tout mon cœur que ma petite Cradouille quitte cet enfer.

La dame revint chaque jour et s'occupait d'Ella, laissant son valet se charger de ses tâches les plus difficiles pour passer du temps avec elle. J'avais tellement peur que les parents le découvrent et la battent mais elle n'en faisait qu'à sa tête, espérant partir avec eux, me promettant de m'emmener aussi. Se rappela à mes souvenirs une discussion houleuse entre les parents et des voix inconnues que j'avais surpris quelques jours plus tôt au sujet d'une petite fille qu'elles recherchaient. Ces voix appartenaient-elles à ce jeune couple dont Ella me parlait sans cesse ?
Des bribes qui en étaient ressorties, la voix féminine cherchait sa fille disparue et la pensait ici. Ella était donc cette enfant disparue ? Un regain d'espoir s'était emparé de moi, si c'est le cas elle partirait et vivrait avec sa véritable famille, elle ne manquerait plus jamais de rien, elle mangerait chaque jour à sa faim, elle serait bien vêtue et porterait des chaussures, de véritables chaussures, elle ne serait plus jamais frappée, insultée ou humiliée et surtout le père ne la "confondrait " pas avec la mère comme j'ai essayé de le lui expliquer devant toutes ses questions. Et le plus important dans tout cela, elle serait aimée, enfin ! Oh moi je l'aime énormément bien sûr mais je sais qu'être aimé de ses parents est essentiel pour un enfant, je l'aime de cette manière ma petite soeur, enfin comme j'imagine que des parents doivent aimer, mais je ne sais lui procurer la sécurité dont elle a besoin, je ne connais pas moi-même ce sentiment. Je gardais mes interrogations et doutes pour moi, si jamais j'avais mal compris ou que ces gens se trompaient sur l'identité de Cradouille, elle en serait anéantie. Mieux valait une incroyable surprise plutôt qu'une insurmontable déception.

Nous sommes au début du mois d'avril, j'aime cette période, quand le printemps chasse l'hiver et que la nature reprend ses droits. Je ne dors plus dans la maison mais presque à la belle étoile, c'est ma punition depuis décembre pour avoir "volé" le père, en partageant la dernière tartine de pain aussi dur que le bois, avec Ella et Nadine. Nous étions toutes trois condamnées à dormir dans la grange depuis. Il y fait froid, surtout l'hiver quand la pluie ou la neige transperce les planches craquées du toit, la paille est humide et ne peut me réchauffer mais qu'importe, je m'y sens bien mieux qu'enfermée à la cave. J'ai eu droit de rentrer quand j'étais malade mais maintenant que je suis debout il me faut retrouver le chemin de la grange. Les filles ont quant à elle pu regagner leurs paillasses au-dessus de la cuisine. Si ma punition est plus longue, c'est qu'elle en résulte d'une vengeance de la mère pour avoir séduit son infâme époux, mais Ella me rejoint chaque nuit, pour ne pas me laisser seule. Elle veille autant sur moi que moi sur elle, c'est la personne la plus généreuse qu'il m'avait été alors donnée de rencontrer.

L'été dernier, un incendie s'est déclaré dans cette grange, tout le toit est parti en fumée, les garçons l'ont réparé comme ils ont pu mais je peux voir la lune et les étoiles chaque soir en cherchant le sommeil et avec Ella on se raconte des tas d'histoires insensées à leurs propos. Que vais-je devenir si ces gens la prennent avec eux ? Je ne l'avais pas contredit mais je savais pertinemment qu'ils ne voudraient pas de moi. A cet instant personne n'avait jamais réellement voulu de moi...Egoïstement je pense à mon avenir au lieu du sien, pardon mon Ella...
Elle est la seule avec qui je peux communiquer, à qui je peux me confier, enfin en partie seulement, je ne veux pas l'effrayer davantage qu'elle ne l'est déjà par tout cela. J'avais aussi Bertrand autrefois mais il a tellement changé depuis....Il est sans cesse en colère et amer, il ne me regarde plus, ne me parle plus, et plus jamais il ne sourit. Il n'y a plus pour lien entre nous que la gêne et la honte.

Chapitre 7

Nous sommes vendredi, je rentre du marché avec Anne-Lise et Madeleine, alias Sosotte et Laideron, les bras chargés des timbales du lait invendu. J'ai très mal au ventre, pas parce-que j'appréhende une nouvelle rouste  ou une autre punition, même si je sais que nous n'y échapperons pas, mais parce-que la fièvre est toujours là depuis ma "maladie" et que j'ai souvent mal à me tordre en deux.

La mère semble tout sourire, je ne me souviens pas de la dernière fois où je l'ai vu ainsi, elle semble si aimable et bienveillante. Elle ne nous corrige pas pour le lait invendu, elle n'y prête même pas attention à vrai dire. Elle me demande presque gentiment de préparer le dîner pour notre invité. Notre invité ? Jacqueline ? Non elle ne serait pas de cette humeur pour si peu. Mais où est Cradouille ? Quand elle n'est pas en cuisine elle est aux champs à labourer avec les frères, mais je ne l'ai pas vu en revenant.  Je n'ai aperçu qu'une petite charrette et un âne sur le chemin, mes frères au loin mais pas ma petite sœur. Et si l'invité était son père venu la chercher ? Mon cœur se serra mais je me mis au travail. La préparation fut rapide, il n'y avait plus qu'un peu de pain et quelques carottes pas bien fraîches. Avec une bouche de plus à nourrir ce soir, l'un d'entre nous ne mangerait pas. C'est en réalité souvent le cas, nos parents mangent d'abord et nous espérons les restes. Souvent j'en suis à espérer qu'il n'en reste pas, ce qui veut dire que le père aura plus mangé que bu et que par conséquent il ne me touchera pas cette nuit-là. Même si parfois il s'écroule ivre mort avant d'avoir eu le temps de se déshabiller.

Notre invité est un séduisant jeune homme, du peu que j'en ai vu du moins, gardant la tête basse. Il se montre gentil et intéressé par nous, surtout par Ella qu'il ne cesse de regarder. C'est un prêtre de passage, trop épuisé par un long voyage et qui cherche un toit pour la nuit. En "parfaites" personnes d'église, les Bernier n'auraient su refuser l'hospitalité à un curé.

Le maigre repas terminé, je me hâte de tout nettoyer et ranger afin de courir me cacher dans la grange.Le père est moins saoul que d'habitude mais son regard ne trompe pas, je ne sais que trop ce qu'il va encore me faire. Il fait déjà noir dehors et je cours jusqu'à la grange, des larmes de peur dans les yeux. Il est derrière moi, je le sens, il se rapproche, il m'appelle de sa grosse voix rauque. Je parviens à monter l'échelle dans la grange et à me cacher parmi les bottes de paille, prostrée contre elles, les mains sur les oreilles et les yeux fermés si forts qu'ils en sont presque douloureux. Des voix se font entendre en dessous, l'une familière l'autre non et pourtant elle me rassure. Ce sont celles d'Ella et du curé. Quand elle m'aperçoit elle me fait signe de venir, qu'il n'y a pas de danger et je sens qu'elle a raison. Le père n'osera jamais venir me faire du mal en présence d'un homme d'église. Je les rejoins mais je me tiens tout de même à l'écart. Les gens me font peur, à mesure que j'en rencontre, leur ignominie va crescendo. J'ai appris à ne faire confiance à personne et surtout à ne plus croire en personne.

Je le sens m'observer, il s'interroge, comme le fait sans cesse Ella, il pose des tas de questions. Il dit qu'il veut s'assurer que tout va bien ici pour nous. Pourquoi ? Dans quel intérêt ?
Il ne nous connait pas, en quoi notre sort l'intéresserait-il ? Que nous veut-il ?
Je sens son regard sur moi se faire plus insistant, j'en ai la nausée, je me sens mal, que me veut-il ? Et s'il me voulait du mal lui aussi ? Et s'il me prenait aussi pour une catin ? Je suis davantage plus blanche que d'habitude selon Ella, et mes larmes glissent de nouveau le long de mes joues blêmes. Je le vois s'approcher, que me veut-il ? Qu'est-ce qu'il va me faire ? Je supplie Ella du regard et elle se lève rapidement pour se placer entre cet inconnu et moi.  

"Il ne faut pas la toucher, ça lui fait peur. Ne la regardez pas non plus comme ça."

A mon grand soulagement, il s'exécute. Ella m'explique qu'il ne nous veut aucun mal, qu'il veut nous aider rien de plus. Ma jolie petite Cradouille est restée si naïve malgré tout ce que nous endurons. Personne ne nous a jamais aidé, pourquoi cela changerait maintenant ?
Il me  demande pourquoi j'ai si peur mais devant mon mutisme, il s'interroge davantage et plus encore quand il nous voit communiquer avec Ella. Il parait étonné de voir qu'elle me comprend.

"Tu la comprends ?"  

" Ben oui, elle est muette mais elle est pas bête en vrai".

Ella dans toute sa candeur enfantine !  
Il lui demande mon nom, elle lui dit naturellement "Pipelette". Il a l'air choqué d'entendre nos "noms" à tous. Pipelette, Cradouille, Cruche,  Sosotte, Laideron, Feignant, Idiot, Bouseux, Voyou. Quand il demande nos vrais noms, nous sommes incapables de les lui dire tous.

"Bah moi avant je m'appelais Simone et Ella et je sais plus après. Cruche elle m'a dit qu'elle s'appelait Nadine avant, quand sa maman elle était pas morte, et Sosotte c'est Anne-Lise, Laideron c'est Madeleine mais après je sais pas, Voyou c'est Bernard ou Bertrand".
Nos anciens noms n'existent plus à chaque nouvelle famille on en change généralement. Le curé semble intrigué et décide de nous appeler par nos noms de baptême pour qui les connait.

"Et toi quel est ton nom ?"

Pipelette aurais-je dû lui répondre mais bien entendu je n'en fis rien. Je haïssais ce nom empreint de moqueries et d'ironique méchanceté, mais comment lui dire qu'en réalité j'ai si peu d'intérêt que personne n'a pensé à m'en donner un ? J'ai un jour été une Jeanne, un autre la Débile, La Simplette, La Demeurée, L'Idiote du village ou encore La Muette. Au fond le plus seyant que j'ai porté en dehors de Jeanne.  
Ella lui explique que je n'en ai pas et ce fut mon tour d'être surprise quand il proposa à Ella d'en trouver un. Je les observais à une certaine distance, ne comprenant pas tout cela. Pourquoi perdre leur temps ainsi ?
Demain le curé rentrera chez lui et nous oubliera. Nous ne pouvons compter que sur nous-même Ella, Cradouille ou peu importe son nom ne le sait-elle pas encore ?

Un bruit de pas lourds se fit entendre non loin un pas que je ne connais que trop bien. Terrorisée je cherche un endroit où me cacher et je manque de peu de tomber de l'échelle dans ma hâte à la monter. La porte grinça quand le père fit son entrée pour me chercher. Je remerciais Ella mentalement quand elle prit les devants en disant qu'elle ne m'avait pas vu.
Face au curé, le père Bernier n'insista pas et d'un haussement d'épaules nonchalant sortit à mon grand soulagement. Je redescendis, esquissant un léger sourire à Ella. Je sais le risque qu'elle vient de prendre en mentant et pourtant elle n'a pas hésité à le faire. Le curé paraissait de plus en plus perplexe par tout ça et demanda si notre père était si terrible que cela pour me faire si peur.

" Il crie et nous tape souvent mais Pipelette n'aime pas c'est quand il se trompe et la confond avec la mère."

Je la foudroie du regard avant de baisser la tête, écarlate de honte. Le feu sur mes joues est si intense qu'il en est presque brûlant. Pourquoi lui a t-elle dit cela ? Je ne peux m'en prendre qu'à moi-même, c'est la seule façon que j'ai trouvé pour tenter de lui expliquer mes larmes, mes cauchemars, ma peur constante, les scènes auxquelles elle n'a su échapper et cet enfant qui aurait dû naître dans quelque mois. Elle ne se rend pas compte que c'est si mal et honteux que cela et que j'aimerais être morte en cet instant que d'affronter le regard du curé.

Il semble choqué et pose des questions pour s'assurer d'avoir bien compris et j'ai tellement honte. Je me laisse tomber au sol les genoux sur la poitrine afin de soutenir ma tête alourdie de larmes. Il veut me consoler mais il ne peut pas, Ella non plus ne le peut pas, elle ne comprend pas, comment pourrait-elle ?
Elle me dit que le curé est gentil et qu'il va nous aider, je dois juste lui dire ce qu'il se passe ici comme il le demande, mais pourquoi me croirait-il ? Je suis muette et pour tout le monde simple d'esprit, pourquoi me croire moi face à un père de famille censé nous protéger ? Pourtant ce curé est différent des autres, il me donne l'étrange et inédite sensation de s'intéresser à moi, à mon sort. D'un quasi imperceptible hochement de la tête, je la laisse lui raconter ce qu'elle sait, peut-être ne le croira t-il pas, peut-être le croira t-il peu importe ça ne changera rien à mon existence détruite.

Elle lui parle du petit bébé dans mon ventre mais qui ne viendrait jamais parce-qu'il est avec les anges, elle lui parle de nos angoisses, nos peurs, notre estomac vide contre le foie plein de nos parents, elle lui explique notre vie ici de ses mots d'enfants, et lui l'écoute, attentif, me jetant des regards de temps  à autres mais ma tête reste basse et mon visage fermé. Je n'ose pas le regarder mais je pourrais jurer qu'il se décompose à mesure qu'Ella lui parle.

Il finit après un temps qui me parut interminable, par retrouver la parole.  
Il nous explique que c'est mal et qu'aucun père ne doit faire pareilles choses, que c'est interdit et qu'il devrait être puni pour cela. Pourtant c'est encore et toujours nous qui sommes punis. On nous apprends à l'église qu'à faire le bien on attire le bien, mais si c'est la vérité, qu'avons-nous fait de si terrible pour recevoir tout ce mal ?

Je vois au travers de mes cheveux plaqués sur mon visage sale qu'il me sourit. Son sourire est doux et chaleureux. J'aurais voulu y répondre mais je n'y arrive pas. Il demande alors à Ella si elle m'a choisi un joli prénom et devant son hésitation, il se hasarde à proposer Marie.
Devant l'approbation exaltée de ma sœur, j'esquisse un léger sourire me répétant Marie, Marie, hum oui Marie, c'est un joli nom. J'avais levé les yeux vers le prêtre et d'un hochement de tête, j'acquiesçais à ce nom. Je serais donc pour ce soir, Marie.
Il me regarde tout en parlant, je ne sais interpréter à ce moment-là l'expression sur son visage mais ses paroles me stupéfièrent. Avais-je bien compris ? Ella souriait de bon cœur, ce qui n'arrivait plus depuis l'affaire des chatons, se peut-il que nous ayons compris la même chose ? Le père O'Leary disait qu'il était mandaté par une personne très importante et qu'il était chargé de recueillir un maximum d'informations sur nos conditions de vie avant qu'il ne soit décidé si Ella irait chez ces gens qui la réclamaient ou si elle était mieux ici. Cette personne importante et lui avaient eu vent de rumeurs et si elles s'avèrent fondées, nous serions retirés à notre famille. Tous ? Pas juste Ella ? Et où irons-nous ? Je sondais discrètement son regard pour m'assurer qu'il ne mentait pas. Il nous conseilla de nous endormir, mais je ne pus fermer l'œil, de peur qu'en le rouvrant, l'infime espoir qu'Ella et moi avions, se soit évanoui comme chacun de nos trop rares songes. Je cogitais et retournais toutes les informations données par cet homme. Cette femme, Julia comme l'appelait Ella devait être quelqu'un de très important pour que l'on s'intéresse à nous. Si tout cela est vrai, son avenir ne pouvait être que radieux et elle le méritait, elle le méritait tellement. Personne ne devrait avoir  à vivre ce qu'elle a vécu, ce que nous avons vécu en si peu d'années d'existence sur cette planète.


Chapitre 8

Le jour n'était pas encore levé quand le père O'Leary nous réveilla. J'avais fini par m'endormir tout compte fait et lui n'avait pas menti. Il était encore là et il nous pressait de rassembler nos affaires et de prévenir les autres. Nous n'avions pas d'affaires personnelles, les seuls vêtements que nous avions étaient les guenilles que nous portions nuit et jour, été comme hiver. Nous nous retrouvâmes tous les neuf dans la cour et dans un silence quasi religieux, nous attendions le prêtre qui arrivait avec l'âne que j'avais aperçu la veille. Il fallait faire vite et sans le moindre bruit pour ne pas réveiller les parents. Nous nous entassions à l'arrière de la charrette, tous serrés les uns sur les autres et bientôt la ferme des horreurs ne fut plus en vue.

Après environ une heure de chemin, l'âne s'arrêta devant une église parisienne et nous sommes tous descendus, intimidés, apeurés et sales. Qu'allait-il encore nous arriver ? N'avons-nous pas commis une grave erreur en partant ? Si les Bernier nous retrouvent ou que les gens d'armes nous ramènent, ils nous tueront ou pire, nous finirons enfermés dans la cave...

Le prêtre nous fit entrer dans le presbytère et prépara un petit cuvier d'eau pour une toilette sommaire. Il avait  l'air tout aussi hagard que nous et nous regardait les uns après les autres comme pour se demander lui aussi ce que nous faisions là. Deux gardes firent leur entrée subitement ce qui nous firent tous sursauter. Ils vont nous reprendre c'est certain, nous sommes perdus ! Je serrais la main d'Ella pas plus rassurée que moi. Une femme suivit de près les gardes et d'autres l'entouraient, qui était-elle ? Elle était belle, et ses vêtements...Je me souvins alors la description qu'Ella m'avait faite de Julia. Ce n'était pas elle, elle avait l'air d'une princesse aussi mais ses cheveux avaient la couleur d'un coucher de soleil sur un champs de blé, à la fois doré et cuivré. Rien à voir avec le roux fadasse de la mère. Elle était magnifique dans sa robe précieuse mais ce qui attira le plus mon attention était son regard, il avait l'air si tendre et ses yeux brillaient davantage que ses bijoux éclatants. Elle devait être très importante elle aussi, le prêtre lui fit la révérence mais elle nous regardait tous, effarée. Ils chuchotèrent et je sentis le regard de la jolie rousse sur Ella puis sur moi, ce qui me fit rougir et baisser la tête davantage. Elle s'est ensuite tournée vers nous tous pour nous sourire et se présenter.

"Je m'appelle Athénaïs, je suis une amie du père O'Leary. Il va  vous conduire chez moi, il y aura plus de place et vous y serez bien. N'ayez pas peur, tout se passera bien, vous y serez en sécurité."

Je n'entends pas ce qu'un garde lui murmure à l'oreille mais elle a l'air tout à coup contrarié. Un mot discret au curé et celui-ci se précipite dehors. Les gardes courent à sa suite et la dame prend les mains de Nadine et de Madeleine pour nous diriger vers une porte à l'arrière de l'église.

"Vite vite les enfants, venez, dépêchez-vous."

Les garçons montent les premiers dans la charrette et nous aident à grimper une à une quand le curé arrive en courant. Un homme sombre de part sa tenue et sa mine le suit mais je n'y prête pas attention, je ne vois que les gens qui l'accompagnent. Rougeauds et colériques, ils exigent que le prêtre soit arrêté et leurs enfants rendus. Mon sang ne fait alors qu'un tour et je me fige. Cette fois c'est certain, ils vont nous reprendre. Notre liberté que nous n'avions hélas pas su apprécier devant tant d'incertitude et de méfiance, allait pour de bon nous quitter. Pourtant la dame rousse n'était pas inquiète, elle était même confiante et d'une voix douce nous dit d'aller avec le prêtre et qu'elle se chargeait du reste. Elle se dirige vers eux d'un pas assuré, elle semble forte et en cet instant j'envie son courage qui me fait tant défaut. Plus tard le père O'Leary dira que je suis très courageuse et que j'ai su me relever de ces épreuves quand d'autres auraient sombré, mais je n'en crois rien. J'aurais voulu avoir la force d'Athénaïs quand droite et altière elle s'est adressée aux Bernier. Ce qu'elle leur a dit restera un mystère, mais pour la première fois je les vois plier, je les vois s'incliner devant elle et pour la première fois nos tortionnaires ont l'air d'enfants craintifs d'une bonne correction.

Après un trajet interminable, l'âne nous déposa devant une immense demeure. Nous étions tous subjugués, il était évident que cette dame devait être fort riche, mais j'ignorais à quel point. Le père O'Leary corrigea Nadine ou alors était-ce Ella, quand elle qualifia ce lieu de "château". C'était en réalité un charmant petit manoir à la décoration sobre mais raffinée. Il y avait des gens qui accouraient autour de nous, que nous voulaient-ils ? Pourquoi nous regardaient-ils ainsi ?Il est vrai que notre saleté et notre pauvreté contrastaient avec la richesse et la propreté des lieux, ce qui devaient les surprendre. La maîtresse de maison les envoya gentiment paître afin de ne pas nous effrayer davantage.

On nous conduisit dans une pièce adjacente où une grande table était dressée et où nous étions conviés à nous installer. Je n'osais m'asseoir, trop intimidée par tout cela si opposé à tout ce que j'avais pu connaître durant mes quatorze années d'existence. Le père O'Leary s'approcha lentement de moi et doucement me proposa un siège à côté d'Ella. Il ne me poussa pas, ne me toucha pas non, il se contenta juste d'attendre à mes côtés que je me décide enfin. Un festin comme je n'en avais jamais vu était servi, là, juste pour nous, des enfants sans intérêt. De la nourriture dont à l'époque j'ignorais jusqu'au nom mais que l'on appelle en réalité des viennoiseries. Il y avait également des tartines de pain frais, du pain frais ! je n'en avais jamais mangé. Une femme s'approcha de moi pour me proposer du thé ou du chocolat. Je n'avais jamais bu ni de l'un ni de l'autre. Je n'osais pas manger malgré la faim qui me tiraillait, ce n'est que quand le prêtre me tendit une tartine que je pus enfin m'en régaler. La liberté avait un goût exquis !

Athénaïs nous annonça ensuite que nos baquets étaient prêts et que des femmes de chambre ou des valets pour les garçons, nous attendaient à l'étage. Je suivis le mouvement sans grande conviction mais une fois dans la chambre que l'on m'avait désignée l'angoisse et la honte s'emparèrent de moi. Une jeune femme en uniforme identique aux autres employées, s'approcha pour me déshabiller. Un haut le coeur remonta dans ma gorge et ce besoin de fuir fut plus fort quand elle posa les mains sur moi. Mais que faisais-je ici ? Non je ne peux pas rester, qu'attend t-on de moi ? Ma tête cognait au rythme de mon coeur quand je dévalais l'escalier pour m'échapper.
Athénaïs et le prêtre me regardèrent incrédules et tentèrent de me raisonner. J'étais incapable de leur expliquer et Ella vint une fois de plus à mon secours. Elle m'avait vu me sauver comme si j'avais le diable aux trousses et nerveusement je lui fis comprendre mon mal-être.

"Il ne faut pas la toucher ! personne ! je vais aller avec elle, elle aura moins peur."

L'eau était chaude et parfumée, elle me fit le plus grand bien. J'avais toute cette crasse accumulée, cette saleté, je ne parle pas uniquement de celle de mon enveloppe charnelle mais surtout celle de mon âme qu'un seul bain n'aurait su effacer. Pourtant je me sentais un peu plus légère. Quand je fus enfin lavée, j'enfilais une robe propre que l'on m'avait préparé. Elle n'était pas comme celle d'Athénaïs bien sûr mais elle n'était pas déchirée au moins. C'était la plus jolie que j'avais jamais porté malgré son côté uniforme. Nous redescendîmes pour terminer le petit-déjeuner mais j'étais déjà rassasiée, le manque de nourriture perpétuelle avait eu raison de mon estomac.

Athénaïs nous rejoignit avec un homme élégant malgré son âge avancé. Elle nous expliqua qu'il était médicastre et qu'il était là pour s'assurer que nous étions en bonne santé. Je refusais d'y aller, pourtant je savais que j'étais malade, que quelque-chose n'allait pas, je le sentais et je m'affaiblissais de jour en jour, mais c'était au-dessus de mes forces. Jamais je ne pourrais rester seule avec un homme encore moins le laisser me toucher. C'est faux ce que disait la mère, je ne suis pas une traînée ni une catin. Je ne veux pas que l'on me touche et quand il me prend je lutte pour ne pas vomir, suppliant chaque fois pour mourir.

Tout le monde était passé il ne restait plus que moi. Ella tentait de me rassurer en me disant qu'il était très gentil et proposa de rester avec moi. Athénaïs s'accroupit à mes côtés, prenant garde à ne pas me toucher et de sa voix douce s'adressa à Ella.

"Tu ne peux pas Ella, il y a des choses comme celles-ci qui ne sont pas pour les petites filles, je suis désolée ma puce. Marie si tu veux  je peux venir avec toi, je ne te quitterais pas c'est promis, tout comme je te promets que personne ne te fera du mal. Nous voulons juste nous assurer que tu vas bien et si ce n'est pas le cas, te soigner, c'est tout."

Au bout d'un moment je finis par me laisser convaincre. Le médicastre m'autorisa à garder ma robe ce qui m'apaisa quelque-peu. Il écoutait mon coeur battre, regardait dans mes yeux, ma bouche, ma gorge, palpa mon cou, toutes sortes de choses indolores mais qui pourtant me crispaient un peu plus chaque fois qu'il avait les mains sur moi. Puis il me fit m'allonger sur le lit, me demandant de replier mes jambes avant de relever avec professionnalisme mon jupon. Mes yeux s'inondèrent de larmes et un autre haut le coeur emplit ma gorge et ma bouche. Je resserrais les poings autour des draps à en blanchir les jointures de mes doigts.

"Marie, je vais te prendre la main si tu es d'accord et tu n'auras qu'à la serrer très fort si vraiment ça devient insurmontable pour toi."  

Elle est restée là tout le temps comme elle l'avait promis, se faisant discrète mais à cet instant elle comprit que j'avais besoin d'une présence rassurante plus que jamais. Je refermais mes doigts autour de sa main, la serrant plus fort que je ne l'aurais voulu mais pas assez pour interrompre l'examen. Le médicastre tenait à s'assurer que le bébé n'était plus du tout là et que je ne souffrais d'aucune maladie. Il ma diagnostiqua une infection mais qui ne serait pas mortelle, toutefois le médicastre n'était pas tout à fait certain que je puisse avoir un jour des enfants. Aucune importance !
Quand je rouvris mes yeux humides, je vis le sourire d'Athénaïs qui me félicitait pour mon courage et je me pris encore à envier le sien sans voir le mien. Aujourd'hui encore, après des années, je lui suis toujours aussi reconnaissante d'avoir été là pour moi comme l'aurait fait n'importe quelle bonne mère.

En redescendant rejoindre mes frères d'infortune, Ella se précipita sur moi tout sourire. Elle m'annonça que Romain et Julia étaient là et qu'elle allait partir avec eux. J'étais heureuse pour elle, elle avait retrouvé une famille, mais je ne pus m'empêcher que de ressentir un immense chagrin d'être séparée d'elle. Je sais que c'est ce qu'il y a de mieux pour elle mais la voir partir me brise le coeur. Ses nouveaux parents lui promirent que nous continuerons de nous voir, que je pourrais leur rendre visite autant que je le souhaiterais et qu'elle viendrait me voir également dans ma prochaine famille. Julia m'expliqua quelques années après avoir envisagé avec son mari de me prendre chez eux également, mais qu'elle avait craint qu'Ella, aussi très traumatisée par ce que nous avions vécu et ce qu'elle allait encore devoir vivre ensuite, ne l'empêche de passer à autre-chose, de tourner définitivement la page et de s'épanouir comme elle le devrait, mais pourquoi pas plus tard. Je ne leur en ai jamais voulu, ils ont toujours été si bons avec moi, et se sont toujours assurés que je ne manque de rien. Par certains côtés ils ont été aussi des parents de substitution, et ils ont tenu leur promesse, j'ai pu continuer à voir Ella et si aujourd'hui elle ne vit plus à Paris, il ne se passe pas une semaine sans que nous échangions des lettres.

Ce soir-là au manoir des Mésanges, nom évocateur pour un nouveau départ, je m'étais couchée le coeur lourd. Le lit était confortable, les draps sentaient bons mais cela ne suffisait pas à me consoler de ma peine. Ella me manquait déjà  et je me sentais si seule. Athénaïs était partie retrouver son mari et ses enfants, je ne savais alors pas pourquoi ils ne vivaient pas ici, je n'ai su que quelques jours plus tard qui elle était en réalité. Heureusement, le père O'Leary était là et resta avec moi jusqu'à ce que je m'endorme. Il ne souffla pas la dernière bougie, comprenant à quel point les ombres de la nuit trop noire me terrifient. Aujourd'hui encore je ne supporte pas le noir. Je ne peux m'endormir sans bougie et il me faut être rentrée avant la tombée de la nuit.  



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Marie
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